Les Sables Les Acores Les Sables 2010
De retour sur le plancher des vaches, j’ai repris dans la foulée mes activités professionnelles, je tenais à vous faire un retour sur cette belle course
La saison bien démarrée se termine pour moi avec une vrai grande course au large en solitaire. L’aller retour entre les Sables d’Olonne et les Acores.
1ère étape.
Pour partir il faut prendre le départ.
Les amis qui donnent le coup de main. ( Merci à Swann, Pierre, Stéphane, Janette, Nanouk et les partenaires
World Sports Events,
Axsolu et RedPrairie). J’étais un peu perdu dans ma préparation, les rendez-vous pour la sécurité et les meetings ( radio, médecine à bord …) s’enchainent. Il aurait fallu que le bateau soit prêt avant de venir, quand je dis prêt, c’est la nourriture pour 24 jours empaquetée, la pharmacie triée, le bricolage terminé, les cartes plastifiées prêtes … Espérer faire la liste de 184 points restant la semaine avant le départ avec l’emploi du temps de l’organisation, no way. Pour la transat 2011, à méditer. Plus la course est importante, plus l’impact de l’organisation sur l’emploi du temps se fait ressentir. Ça m’achève et je ne suis pas un joyeux luron prêt à partir pour une belle aventure mais un ronchon préoccupé et fatigué.
2 jours avant je me déclare apte à partir. De mes 2 saisons, jamais je n’ai été aussi mal avant un départ. L’accumulation des événements depuis un an se sont fait ressentir, et j’ai pris le départ complètement vidé.
Pourquoi avoir pris le départ, tout simplement parce que la météo clémente me permettra de me reposer avant le cap Finistère et de descendre tranquillement vers les Acores. Avec une météo plus soutenue cela aurait été plus compliqué.
La tournée des skippers avant de partir, H-1. C’est ça l’esprit mini.
Pour vous donner une idée de mon état, lors du départ je fais deux manques à virer et me retrouve voiles à contre le bateau dérivant. Après la bouée de dégagement, je commence à m’installer pour un long bord de reaching et travaille ma route.
Dès la première nuit, Je suis alors aux alentours de la 10ème place. Au lieu de plonger vers l’Espagne je garde une route plus Nord en veillant a ne pas me mettre dans une possible bulle sans vent .
Petit à petit je grignote des places tout en dormant un maximum. Je profite de ma position Nord pour me recaler vers le cap Finisterre, en effet les prévisions sont moins fortes que prévus alors je décide de me rapprocher de la flotte et ainsi sous Code 5 ( Petit Spi permettant de faire du vent de « travers »), je passe en quatrième place.
Le D2 est très performant à ces allures c’est pourquoi je pouvais me permettre cette route et ce sera l’une des grandes confirmations. Faire sa route en fonction des performances du couple voiles/bateau au lieu de suivre les copains.
Au cap Finistère je décide de couper perpendiculairement le rail des cargos et de faire un point ensuite, pour choisir, si je prends l’autoroute du sud avec les autres. Je ne tiens pas à me mettre dans le rouge en slalomant au surf de nuit entre les cargos.
Cette route est plus courte et je deviens l’un des Nordistes. Je comprends bien avec les vacations que les premiers ont lâchés les chevaux et essayent de faire le break tout de suite ( ce que feront les 2 premiers en série). Ne pouvant répondre à ce type de navigation au vu de mon état, je décide de jouer une route plus directe et de m’amuser avec l’Anticyclone.
L’anticyclone est un phénomène météo peu prévisible et mal maitrisé même de nos jours où tout semble sous contrôle.Cette course au large est pour moi une vrai découverte météo. Je me réfère au livre de Bernot que j’ai emmené avec moi pour essayer de comprendre ce qui se passe.
Au fur et mesure que la course avance, les Sudistes ne me décrochent pas malgré une route plus rapide, la mienne plus courte et surtout plus tranquille préserve le matériel et le bonhomme.
N’arrivant pas à me motiver d’un point de vue course, ma motivation principale devient d’arriver le plus vite possible pour retrouver la petite famille qui sera à l’arrivée à Horta. 2 ans de projet voile sans vacances ensemble, c’est l’occasion pour moi de faire partager l’aventure à ma femme et mes enfants.
De ce fait je commence à m’intéresser au classement et je joue pour la troisième place. Si je me fais distancer, je remet de la toile et là le bateau est magique, j’arrive souvent à reprendre entre 10 et 30 milles dans une journée. Le reaching et le portant serré en D2 c’est de la bombe.
Maintenant je commence à être assez à l’Ouest il me faut descendre vers le sud. L’Anticyclone est stable depuis quelque jours, les prévisions, le Baromètre ( qui me permet de vérifier que les valeurs là ou je suis ) et les nuages concordent avec les prévisions.
Je commence à glisser plus vers le Sud, tout en maintenant ma place. Je suis super content d’avoir trouvé cette zone près de l’Anticyclone appelée « Marche ». C’est une zone ou les isobares se resserrent et on y trouve des vents entres 15 et 20 nœuds, ce qui me permet grâce à une route plus directe de faire jeu égal avec les Sudistes qui sont des surfs plus soutenus.
J’arrive ainsi à passer une journée sans descendre en dessous de 9 nœuds, du régal. Tout d’un coup le ciel change, je me retrouve dans un système un peu orageux et je vois poindre les nuages qui bordent le centre de l’anticyclone, la barrière à ne pas franchir sous peine de se retrouver sans vent. Il va être temps que je sorte le grand spi pour m’écarter et descendre au portant plus au sud.
Et là, de nuit, je commets une belle erreur, je loupe ma manœuvre d’envoi de spi, un coup de vent couche le bateau et le spi se dévide directement dans l’eau et passe dans les safrans. Il me faudra 2 heures pour le récupérer et il est coupé en deux !!. A peine le spi rentré, je décide de mettre le spi de brise mais passer de 75M2 à 55M2 à un impact direct sur ma vitesse. Au moins 1 nœuds de moins.
Les 2 heures passées à me bagarrer m’ont fait perdre au moins 18 miles et surtout l’Anticyclone descend plus vite que prévu et me rattrape, je me retrouve avec 10 nœuds de vent. A la vacation du matin, je suis annoncé à la troisième place, mais je sais que je vais perdre celle-ci dans la journée, je vais manger mon pain blanc les 3 prochains jours, pour sûr.
Comme pressenti je dégringole du classement, je me bagarre les deux dernières journées à l’approche de l’archipel entre la 7ième et 11ième place avec mon spi de nain, au gré des nuages avec vent ou des nuages à pluie sans vent. Cette dernière nuit sera particulière, en effet Clément ( 514 No WAR), est dans le rouge, il n’arrive plus à veiller, nous le rassurons et, comme je suis bord à bord avec lui, je me propose de vérifier qu’il se réveille bien. A l’approche de Sao Georges le vent est très capricieux avec des bascules de 30°, un coup on passe l’île, un coup on pointe sur l’île.
8 miles avant, je commence à appeler Clément, Francois ( Amaury) lui aussi enchaîne avec moi. Clément ne répond pas, et c’est à environ 4 miles de l’île qu’il se réveille complément abasourdi. 4 miles c’est 1/2h avant impact, je le rassure pour qu’il prépare son empannage tranquillement, pas la peine de le louper et de se retrouver en mauvaise posture. Ensuite Clément me demande la route car il pense que nous allons percuter Graciosa, je lui donne nos positions et lui indique mes empannages pour qu’il se cale sur moi et qu’il puisse récupérer quand nous avons une dizaine de miles sans danger devant nous.
Au petit matin, visiblement Clément va mieux et passe à l’attaque, je ne peux le suivre avec mon petit spi. Vacation du matin, il est 7h TU, nous sommes entre Faial et Pico. Il y 3 bateaux devant moi, 2 près de Faial et Clément à mon vent 1 mile. Il y a un coup à jouer, en effet, le vent est complètement tombé et il va falloir compter avec les effets des îles. Je me positionne au milieu du chenal en attendant que la soufflerie se mette en route. Je commence à remonter les 2 bateaux sous le vent qui ne touchent pas encore ce vent et Clément au vent zigzag pas mal et son spi se dégonfle souvent, je pense qu’il dort.
Je profite de la beauté des lieux, un lever de soleil entre les îles, magique et attendu. Il y a une atmosphère spéciale qui plane dans le groupe, une arrivée dans ces îles au milieu de l’atlantique, un beau spectacle. De l’émotion brute, la communion avec la nature.
A la vacation de 7h TU pas de Clément, là je me dis, soit il s’est rendormi soit ( le pire) …. Le problème c’est que le vent tourne et que clément part vers les cailloux de Pico. Nous essayons tous de l’appeler à la VHF, pas de retour. Le bateau accompagnateur me dit de continuer ma course et qu’il va essayer de le rejoindre au moteur ( il est à 2 miles derrière). Le problème c’est que le vent monte et nous accélérons. Alors ne voyant pas le bateau accompagnateur je lofe ( serre le vent) et me rapproche de Clément. Première bonne nouvelle à 200 mètres je vois un corps à l’arrière du bateau, je le vois basculer d’avant en arrière, balloté par le bateau. Arrivé à 100 mètres je hurle, je le vois se mettre debout et me faire des signes.
Il appelle par VHF et ne comprends pas ce qu’il se passe et pourquoi je gesticule comme cela. Clément n’était pas sur le bon canal VHF ( ce qui en dit long sur son état de fraicheur), il pense qu’il était réveillé. Et nous cela faisait plus d’une heure qu’on essaye de le rattraper, l’appeler … Bref, tout rentre dans l’ordre. Je lance mon empannage pour essayer de revenir sur les 2 autres qui ont pris la poudre d’escampette. Et comme je n’ai rien préparé, mon empannage ( changement de bord au portant) se termine avec un spi emmêlé dans l’étai, une Grand Voile à contre ( j’ai oublié de lâcher le hale-bas qui la retient).
Clément qui m’a repassé s’écarte et me laisse passer la ligne, c’est çà aussi l’esprit mini, on règle nos affaires en gentleman.
Bon, je serai 10ième sur cette étape. Pas terrible mais pas trop loin de la 3ième place. 6 heures ce n’est pas si loin que ça en course en large après 1200 miles de course.
A peine arrivé au ponton, je vais chercher mon téléphone, je suis arrivé juste avant le vol de Lisbonne par lequel doit arriver la petite famille. Et là grosse et immense déception. Joëlle et les filles ne viennent pas. Joséphine est à l’hôpital avec une pneumonie et une crise d’asthme.
Swann est arrivé et je suis partagé entre le fait qu’il soit là, que les autres concurrents se congratulent, refont la course, pour moi je ne suis pas à la fête. Beaucoup d’émotions et je suis déstabilisé par cette nouvelle. On s’organise avec Swann et prenons petit à petit part aux activités et aux ballades sur l’île mais le cœur n’y est pas.
Je récupère et nous profitons de l’avant dernier jour pour faire le tour de l’île mon fils et moi. Un bon moment de décontraction. La préparation du bateau passe en second plan ça me coûtera ma deuxième étape.
Petit clin d’œil à mon frère Jean qui faisait un stop à Horta en ramenant des Antilles le muscadet de Luc Fréjacques, qui avait fait la Mini-Transat 1977. Il a mis 10 jours pour revenir de Horta à Quiberon !
2ème étape.
Le jour du départ, je suis encore en bagarre avec le GPS qui ne tient plus et un câble électrique cassé ( merci Lucas et Remy pour le diagnostic). Je fais une bidouille pour le câble. Pour le GPS, il tiendra avec un coup avec un sandow, un coup avec du scotch, un coup il pendouillera rattaché à son fil d’alimentation. Cela me vaudra des aller-retours incessants pour le redresser et voir si je suis sur la bonne route. C’est ce genre de désagrément qui te pourrit la vie à longueur de journée, je suis de bonne constitution mais cela contribue à gâcher l’ambiance.
Le départ est donné, bon je suis scotché !! je vois tout le monde qui décolle mais pas moi. Je suis parti du même coté que les favoris mais en 2 heures j’ai déjà pris 2 miles dans la vue !!! Moral à zéro.
La nuit est propice aux manœuvres en tout genre, je n’en profite pas et glisse tranquillement. Le matin à la vacation j’ai pris 5 miles de retard sur les premiers, je distingue le groupe de tête, quelques nuages plus tard ils se sont envolés. Je retrouve Clément et commence petit à petit à me mettre en route, clément est un teigneux ça va permettre de me pousser un peu et me stimuler, il avoue ne pas arriver à me lâcher, et nous en profitons pour en lâcher 2 qui deviendrons des points à l’horizon le soir venu.
Nous sommes dans le coup, en retard mais dans le coup en terme de vitesse. Le vent monte, Clément commence à trouver que ça va fort, je suis toujours sous grand spi avec 25 nœuds établis et grand voile haute; Cool le D2.
J’empanne un peu plus tôt que prévu, je préfère avant que le vent ne monte trop. J’entends des échanges entre prototypes ( Pick et Véronique), ils sont sous Code5, 2 ris, voir sous Solent en surfant à 14 nœuds …, du coup je réduis aussi Code 5, un ris. Je trouve l’allure tranquille ( 9-13 nœuds) rien de bien méchant, les surfs commencent, 14, 15 nœuds. Je vais passer la nuit comme ça, ce sera plus cool, je n’ai pas l’habitude du portant sous vent fort, je découvre. Sauf que, le compas qui participe au réglage du pilote commence à faire des gros écarts en m’envoie au tapis plusieurs fois. Le bateau enchaîne les surfs, c’est impressionnant à bord, je suis sur un hors-bord, le bateau vole littéralement de vague en vague, une pointe à 19 nœud GPS sous pilote, pas mal.
Et une fois de trop c’est le départ a l’abattée, là ce n’est pas bon du tout. Le mât dans l’eau, les voiles à contre, il faut essayer de redresser le bateau et empanner. Malgré la Grand voile choquée pas moyen de remettre le bateau à plat, tout le matériel est stocké du mauvais coté et avec le spi dans l’eau ça ne remonte pas. Je laisse glisser le spi dans l’eau et j’arrive a redresser à remettre le spi en route et à empanner par … tiens erreur de Bus, panne d’information pour le pilote. Bon je bascule sur le pilote de secours.
Pov’ pilote de secours. Il n’est vraiment pas taillé pour ces conditions. Je zigzag de 20° bâbord, 20*° tribord et vlan de nouveau en vrac couché sur l’eau. Entre tous ces vrac, j’essaye de comprendre pourquoi le pilote principal ne fonctionne plus, ha oui, tiens j’ai plus de girouette là-haut en tête de mat. Fini le super pilote, il ne me reste plus que le mode standard, c’est à dire compas ( le pilote ne tiens pas compte des variations du vent et des accélérations, il se contente d’aller tout droit, ce qui dans des conditions de surf dans les vagues n’est pas très performant). Je n’ai plus les informations vent ( vitesse, direction) j’essaye de savoir dans les conversations quelle est la vitesse du vent, j’entends parler de 40 voir 50 nœuds, moi je ne sais pas, en tout cas je ne trouve rien de méchant, le bateau est super facile, hormis « mister » pilote, et comme je ne barre pas souvent, ce sont les vagues et les surfs qui décident de la trajectoire …
Je suis fatigué des vrac à répétition. Et je vais me reposer. Je ferme la porte et pars prendre un peu de repos. Soudain je sens le bateau partir de travers, accélérer 15,16,17,18 nœuds et puis tout d’un coup un choc latéral énorme, le bateau est littéralement poussé de travers, je sens qu’une vague passe sur le bateau et commence à le faire chavirer. Le pilote de secours fait grève, trop dur pour lui, le bateau repart au surf et je n’ai pas le temps de sortir c’est encore un départ à l’abattée ( voiles à contre, et du mauvais coté). Je sors ( imaginez que vous marchez en partie sur le plafond et sur les parois du bateau le bateau doit être à 90-100°. Et là plus rien sur le pont, le spi stocké et attaché aux filières, le mouillage et l’ancre flottante à poste à l’arrière ont disparus.
Le pont a été nettoyé. La Grand voile est déchirée dans le haut, le code 5 est déchiré sur 4m. Je remballe mon matériel. Je surfe sous GV 2 ris juste assez pour que les vagues ne rattrapent pas le bateau.
Je remets le pilote principal en route, le code 0 ( c’est mieux d’avoir une voile sur le bout dehors que le génois, cela soulage l’étrave du bateau au portant) et je glisse tranquillement entre 8 et 13 Nœuds.
Maintenant c’est le pilote principale qui tombe au fond du bateau, les vibrations ont eu le dessus, et les écrous non bloqués se desserrent, les fils électriques non soudés sortent des boitiers. Il faudra 2 heures de bagarre pour remettre le boulon entre quelques vrac où il faut lâcher les outils, ressortir en rampant, remettre le bateau en route et espérer pouvoir finir avant le prochain vrac…. Et M…
Chaque « vrac » coûte quelques miles à ces vitesses, 20minutes=2 ou 4 miles.
Au petit matin, j’affale la grand voile pour faire un peu de couture et remettre plus de toile. C’est vraiment fini pour moi question course. En une nuit, plus de pilote principal, plus de petit spi, plus de spi de brise, quelques poulies éclatées. J’ai loupé le train, la tête a pris 70 Miles d’avance (7 heures d’avance et surtout un système météo d’écart .Devant ils continuent avec, derrière nous aurons un système avec un deuxième front). Je fais parti des éclopés qui vont finir tranquillement.
Là le temps est et devient long, pourtant nous glissons et je me réconforte à l’idée que cela pourrait être au près alors que nous faisons du 8 nœuds route directe. Une journée sympathique avec un Pogo 10.50, je m’accroche pour rester à portée de VHF toute la journée, mais je manque de toile et le grand spi ne peut pas être opérationnel. Je change de Compas en espérant retrouver le pilote principal. RE PANNE. Bon je remonte celui que j’avais démonté, au moins il fonctionne et ca permet de soulager le pilote spare qui fait ce qu’il peut.
Je rattrape le 733 ( Marc), nous échangeons ça me remet du baume au cœur, j’entreprends de recoudre le Code 5, ce serait mieux je pourrai aller plus vite. Il me faudra presque 2 jours ( à raison de 4 heures par jour) et j’aurai un bon blocage de l’épaule a rester dans cette position a tenter de coudre entre quelques vrac. ( merci pilote).
Et l’électronique ca donne quoi ?
Je m’aperçois que mon Active-Echo et mon Mer-Veille ne fonctionnent plus ( appareil qui envoie un écho radar en détectant ceux-ci et l’autre qui détecte et donne un secteur dans lequel se trouve le bateau qui émet avec son radar), après un échange VHF avec Marc, il me met sur une piste pour diagnostiquer la panne. Comme nous entrons dans les rails au large du Finistère, j’aimerai avoir une aide pour la veille, je commence le long travail de remettre les fils électriques. Marc me préviens que dans 20 minutes je devrais voir un porte-Container. Je continue à m’affairer ( et ce depuis 3 heures) a re-câbler ( tu mets un câble, tu prends l’autre une vague te déséquilibre et hop tu arraches le câble que tu viens de mettre, ce sera comme ça en essayant de me bloquer debout, les épaules contre le plafond, le boitier sous le menton et les outils dans les mains ; tout confort l’installation. Cela me donne des idées et me rappelle mes cours de maintenance, tout ce qui se conçoit doit être maintenable, Hum, tout le monde n’a pas la même notion de maintenance, entre le confort au ponton et faire la même opération dans 2 mètres de creux il y a comme un écart de condition !). Ca y est j’ai fini, je mets le système sous tension, l’alarme se met en marche, et Zut, j’ai dû me tromper quelque part, à moins que … vite je sors du carré, jette un coup d’œil dehors, le fameux port-container est à 500 mètres de moi !! Coup de flip, mais je suis rassuré pour les prochaines 12h, j’ai un moyen supplémentaire pour éviter les collisions.
Pigeon vole.
Je sors pour manœuvrer, et je trouve dans le cockpit un pigeon bien mal en point fatigué sans doute par le coup de vent de ces derniers jours. Nous sommes à 100 miles du Cap Finistère. Il restera à bord jusqu’à l’arrivée. Je lui ai concocté un nid à l’intérieur, il boit un peu d’eau et s’endort jusqu’au petit matin. Dans la matinée il a bien mangé et bien ch…, il sort dans le cockpit vient sur mes genoux me regarde comme pour me dire merci ou au revoir, il s’envole et là 2 mouettes le prennent en chasse, mon pigeon revient se mettre à l’abri dans le cockpit, les mouettes dépitées reprennent leur route. Le soir venu, Bébert ( le premier proto vient d’arriver alors je lui donne le surnom du vainqueur) s’invite au diner à l’intérieur et passe une nouvelle nuit dans son nid. Au petit matin, Bébert se lisse les plumes laissant présager un décollage imminent. Bébert sort le bec dehors et se prend une vague, Bébert rentre dans le bateau et ne sortira plus. Faut pas le prendre pour un pigeon Bébert !!!
L’arrivée:
L’arrivée approche, je suis toujours avec Marc, je suis sous grand spi dans la pétole qui s’installe après le passage du front. On échange de plus en plus entre Marc et moi, on passe le temps, on valide notre compréhension de la météo. Notre objectif avancer le plus vite possible, le classement n’est pas d’actualité. Marc me dis de surtout profiter des ces derniers moments en mer, cela résonne en moi. C’est vrai, allez, je vais m’employer à faire marcher le bateau, j’ai 5 milles de retard sur lui, c’est un nouvel objectif, arriver ensemble sur la ligne.
Puis le vent refuse et nous sommes au reaching, j’en profite bassement pour déposer Marc en étant sous Code 0, il ne tient pas le sien. Je vais 2 nœuds plus vite que lui sous solent, et là paf, c’est la sous-barbe qui lâche, ( le cordage qui tient le bout-dehors). Bon décidément tout lâche, pas top la préparation.
Je termine sous Solent et Grand voile. Le bateau accompagnateur,ESPERANZA, n’arrivera même pas à me rattraper, je lui mets 10 Miles dans la matinée dans la vue. Non mais. Marc ne revient pas non plus, visiblement il est trop dans le sud.
L’arrivée, je m’en moque, j’ai tellement envie d’en finir, je ne me suis pas fait plaisir. Et là c’est la magie, un hors-bord arrive avec Swann ( mon fils), Thomas ( Du chantier marée haute) qui viennent à ma rencontre, je libère Bébert avant l’arrivée, je claque ma fusée dans le chenal sous les applaudissements des vacanciers et des amis qui sont venus m’attendre. Des membres de mon club de vélo le TEAM Profica ( Prost, Fignon, Cadiou), même si j’ai quitté les cyclosportives, l’amitié des sportifs qui connaissent les valeurs du courage et du sport est là et ils me réservent un super accueil, je comprends que j’ai quand même réalisé un truc. J’ai fais ma première grande course au large, mon esprit de perfectionniste m’avait embué l’esprit de ce fait.
Stéphane et Cécile viennent à ma rencontre et m’amènent au ponton. ( Cécile a perdu son bateau et Stéphane son chantier dans un incendie l’année , cela ne les empêches pas de venir et de me réconforter, merci de l’accueil).
C’est le temps des embrassades, des retrouvailles, nous rangeons vite le bateau, j’ai un mariage dans 2 jours.
Je quitte précipitamment cet univers et replonge chez les terriens. Je mettrais un mois à pouvoir narrer cette course.
On ne revient pas indemne d’une course au large, ca marque. C’est indéfinissable même après un mois de retour. En fait je ne suis pas complément revenu, dès que l’esprit vagabonde les images reviennent. Les surfs, l’océan , les poissons volants, les dauphins, cette ambiance si particulière. Je crois que je viens de toucher une partie de mon rêve, c’est magique.
Prochain article, sera un retour technique sur l’année 2010.